Nous serions tentés de croire que les organisations comme Sercovie attirent davantage mesdames les retraitées que messieurs... Mais qu'en est-il vraiment? Rémi Demers répond : «Ce n'est pas une légende urbaine : si on prend au niveau des activités notre clientèle féminine est beaucoup plus forte, je pense qu'on parle d'à peu près 80%», il explique cela, entre autres, parce que les femmes vivent en général plus longtemps que les hommes. Par contre, il ajoute qu'au niveau du bénévolat, il atteint presque la parité hommes-femmes, même si cela n'a pas toujours été facile : «le premier homme qui est arrivé dans la cuisine, ça a été difficile à passer, les femmes voulaient pas d'hommes dans la cuisine», mais aujourd'hui tout le monde travaille ensemble. Le milieu favorise aussi l'intégration des personnes issues de l'immigration grâce au bénévolat en cuisine : «c'est un beau plateau pour apprendre le français». Sercovie est réellement un milieu diversifié : «on est très ouvert, on n'est pas un club social», ici, prestataires d'aide sociale côtoient médecins à la retraite, dans l'harmonie et la convivialité.
Avec le temps, Sercovie a été confronté à deux situations particulières : d'un coté, des ainés vieillissants qui n'arrivent plus à suivre le groupe pour les activités physique et, de l'autre, des personnes qui prennent leur retraite de plus en plus jeunes : «il y a toute une marge entre 50 et 90 ans, alors on a développé des activités qui s'adressent à [tous]. La définition d'un ainé, je suis même pas capable de la dire... Il y a toute une diversité!»
La diversité socioéconomique des ainés est également un défi pour l'organisme : en effet, il s'avère difficile de joindre les ainés en situation de vulnérabilité. La popote roulante devient alors une façon d'entrer dans les foyers pour encourager les gens plus vulnérables à venir aux activités, il y a également une travailleuse du milieu qui cherche à détecter les besoins. Rémi Demers rappelle que «plus tu es isolé plus c'est difficile de te convaincre de t'intégrer, de demander de l'aide, de briser ton isolement... l'isolement est un enjeu important». L'accessibilité financière en est un autre; comme plusieurs ainés vivent dans une situation économique précaire (50% bénéficient du surplus de revenus garanti), il devient important d'offrir des activités et des lieux de rassemblement abordables financièrement.
Le vieillissement de la population est une réalité quotidienne chez Sercovie : «on est tout le temps en train d'agrandir! [...] C'est un heureux problème, c'est stimulant de travailler dans une organisation toujours en changement». Le rêve de Lorraine Lauzier, directrice adjointe? Un deuxième point de services et une piscine pour les activités (Sercovie utilise actuellement celle de l'Hôtel-Dieu). Madame Lauzier croit qu'il est important de se rapprocher du milieu de vie des ainés, tant pour les participants que pour les bénévoles «si on gagne à la loterie, on va le faire»!
Finalement, s'ils n'ont pas de statistiques en chiffres sur les effets de leur présence dans le milieu, ils ont de multiples témoignages qui valent bien plus que des chiffres : un utilisateur qui dit s'être sorti d'une dépression grâce aux activités; une infirmière qui avoue que les ainés qui bénéficient de la popote roulante guérissent plus vite, car ils sont moins dénutris; une personne qui confie que la popote roulante lui permet de rester chez elle plutôt que d'aller en CHSLD... Les statistiques positives sont donc partout, tout le temps, en chair et en os!